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Philo Mermoz
23 octobre 2017

Les trois blessures narcissiques de l'humanité

c)      Les trois blessures narcissiques de l'humanité

Texte de Freud:

 

Feud

Après Copernic , puis Darwin, Freud est amené à infliger à l'humanité sa troisième « blessure narcissique »:

 « Dans le cours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis. La première fois, ce fut lorsqu'elle a montré que la terre, loin d'être le centre de l'univers, ne forme qu'une parcelle insignifiante du système cosmique dont nous pouvons à peine nous représenter la grandeur. Cette première démonstration se rattache pour nous au nom de Copernic, bien que la science alexandrine (1ait déjà annoncé quelque chose de semblable. Le second démenti fut infligé à l'humanité par la recherche biologique, lorsqu'elle a réduit à rien les prétentions de l'homme à une place privilégiée dans l'ordre de la création, en établissant sa descendance du règne animal et en montrant l'indestructibilité de sa nature animale. Cette dernière révolution s'est accomplie de nos jours, à la suite des travaux de Ch. Darwin, de Wallace' et de leurs prédécesseurs, travaux qui ont provoqué la résistance la plus acharnée des contemporains. Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique. Les psychanalystes ne sont ni les premiers ni les seuls qui aient lancé cet appel à la modestie et au recueillement, mais c'est à eux que semble échoir la mission d'étendre cette manière de voir avec le plus d'ardeur et de produire à son appui des matériaux empruntés à l'expérience et accessibles à tous. D'où la levée générale de boucliers contre notre science, l'oubli de toutes les règles de politesse académique, le déchaînement d'une opposition qui secoue toutes les entraves d'une logique impartiale ».

Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse (1916),
Ile partie, chap. 18, trad. S. Jankélévitch, Payot, colt. «Petite Bibliothèque», 1975, p. 266-267.
1) Il s'agit de l'astronome Ptolémée qui fit ses observations à Alexandrie

 

Synthèse:

 

Spontanément, nous avons tendance à vouloir nous rassurer en nous faisant des illusions, en nous mentant à nous-même. Plus précisément, nous avons grandi dans l'idée que nous sommes au centre de l'univers, des êtres à part dans la nature, que nous sommes à l'image de Dieu, supérieurs aux autres êtres vivants. Or, si nous sommes aujourd'hui en crise, c'est parce que la science dans son histoire a brisé cette image que nous nous faisions de nous-mêmes. Premièrement Copernic nous a montré que, bien loin d'être au centre de l'univers, nous étions perdus dans un coin insignifiant, absolument insignifiant nous-mêmes.  Darwin a brisé toutes nos prétentions, tout notre orgueil : on croyait être à l'image de Dieu, des dieux dans la nature. La théorie de l'évolution démontre que nous ne sommes rien de plus que des animaux. Et justement Freud en conclut que nous ne sommes pas libres, pas maîtres de nous-mêmes mais nous sommes déterminés par nos pulsions biologiques et par des lois physico-chimiques, comme n'importe quel autre objet de nature.

 

Exercices de réflexion:

- Pourquoi, selon vous, l'homme a-t-il besoin de se faire des illusions sur lui-même?

- De quoi la recherche de la vérité nous libère-t-elle?

 

Pour aller plus loin: 

du_cosmos___l_univers_infini

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Philo Mermoz
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