Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Philo Mermoz
24 février 2018

II) Bonheur et sagesse

II ) Bonheur et sagesse

xEpicure_Buste

1) Le quadruple remède d'Epicure: analyse de la lettre à Ménécée.AMenecee_cumnotis__1_

intro: La nécessaire philosophie

La philosophie est une activité et comme toute activité, elle vise le bonheur. Or, pour être heureux il faut tout d'abord établir ce constat : “ nous sommes nés une fois, il n'est pas possible de naître deux fois et il faut n'être plus pour l'éternité. Pourtant, toi qui n'es pas de demain, tu ajournes la joie ; la vie périt par le délai et chacun meurt affairé ” (sentence vaticane 14) c'est-à-dire que, par notre nature même, nous devons mourir et donc nous n'avons pas de temps à perdre. Mais cela ne veut pas dire qu'il faut profiter n'importe comment de la vie car dans ce cas on n'atteint pas le bonheur. Donc, Epicure va nous proposer :

- une méthode : au lieu d'aller au bonheur spontanément c'est-à-dire au bonheur la chance, il faut se demander si l'on suit le bon chemin pour ne pas faire le triste constat du : “ c'est trop tard ”.

ob_edd829_la-philosophie-1

- une philosophie : pour Epicure, la philosophie doit s'effectuer dans le présent: “ En philosophie la joie est immédiate ” ( Epicure Sentences vaticanes) “ La philosophie est une activité qui par des discours et des raisonnements nous procure la vie heureuse ” (Sextus Empiricus qui cite Epicure dans Contre les mathématiciens). La philosophie n'est pas une science, c'est un rapport de soi à soi qui engendre le bonheur : “ Dans les autres occupations, une fois qu'elles ont été menées à bien avec peine, vient le fruit ; mais, en philosophie, le plaisir vient en même temps que la connaissance car ce n'est pas après avoir appris que l'on jouit du fruit mais apprendre et jouir vont ensemble ” ( Epicure Sentences vaticanes). Autrement dit il n'y a pas un moment pour philosopher et un autre moment pour vivre : la vie doit être traversée par les méditations philosophiques : “ Il faut rire et ensemble philosopher et gouverner sa maison ” (lettre à Ménécée). Et si la philosophie est nécessaire à la vie c'est qu'elle guérit : “ Philosopher c'est passer de la maladie à la santé pour être heureux ”.

Mais si la philosophie est une médecine, c'est dans la mesure où elle propose des remèdes, ce qu'Epicure appelle précisément le quadruple remède.

 

ob_15ab58_la-philosophie-3

 

1. Le premier remède : les fausses opinions sur les dieux et la religion ; nous n'avons rien à craindre des dieux.

 

Nous croyons que les dieux interviennent dans nos actions et par suite en sont les juges. À cause de cela nous vivons dans l'anxiété de leur plaire. Or pour Epicure, il faut arrêter toute cette mascarade car, pour lui, les dieux sont des êtres parfaits qui ne se soucient guère des affaires humaines. Ils ne réclament rien de notre part car ils n'ont absolument besoin de rien.

Epicure dénonce donc la fausse piété qui engendre les horreurs de la religion et de la superstition. Epicure s'attaque donc à la base même de la superstition et pourtant il n'est pas athée : les dieux, pour lui, vivent dans des intermondes qui nous sont inaccessibles où ils sont parfaitement heureux. En fait les dieux n'ont comme rôle que d'être les modèles explicatifs de l'éthique. Ils inspirent nos vies par ce qu'ils sont et non par ce qu'ils font, ils sont les modèles pour nous de ce qu'est l'ataraxie et le bonheur absolus puisque : “ nous avons à vivre comme des dieux parmi les hommes ”.

 

 

2. Le deuxième remède : “ La mort n'est rien par rapport à nous ”

 

Nous avons d'emblée à purifier notre joie de vivre de toute crainte de la mort et cette purification est la condition négative de la mort. On entretient les hommes dans la peur des enfers, on les persuade que la mort est une chose affreuse qu'ils ont à éviter à tout prix. Epicure, au contraire, tente de nous libérer de cette crainte grâce à sa philosophie de la nature (= physique) qui stipule que tout est périssable y compris l'âme. Or, si connaître c'est sentir et que la mort est la privation de toute sensation, alors au moment où la mort advient on ne sent plus rien puisqu'on n'est plus : Ce n'est certes pas un bien mais ce n'est pas non plus un mal.

 

 

slide_48

3. Troisième remède : La régulation des désirs.

 

Tout d'abord il est nécessaire de souligner que le plaisir est la norme du bien et du mal et par conséquent qu'un homme ne doit faire rien d'autre que de chercher son plaisir. Mais ici il convient de distinguer différentes origines du plaisir et donc types de désirs qui ne sont pas équivalents quant au bonheur :

 

a) les désirs naturels et nécessaires.

Ce sont les désirs naturels qui nous ouvrent aux plaisirs qui découlent de la satisfaction de besoins vitaux, comme manger, boire, dormir. Ces plaisirs naturels constituent l'essence même du bonheur et donc, ils sont suffisants à eux seuls pour nous rendre heureux. Tous les autres plaisirs sont non seulement superflus mais encore ils risquent d'être nuisibles au bonheur. C'est donc par la limitation de nos désirs, par un retour à la limite naturelle, que l'on parviendra au bonheur qui est la paix avec soi-même (ataraxie = absence de trouble) et avec autrui (amitié).

 

b) les désirs naturels et non nécessaires

Ils concernent essentiellement le désir sexuel et, en général, tous les désirs naturels dont la non-satisfaction n'est pas cause de douleur. Ici en fait, ce que critique Epicure c'est la débauche et la démesure dans les plaisirs de la chair. En effet, la nature définit par avance ce qui suffit à chaque homme : telle quantité de nourriture et l'on atteint avec assurance la satisfaction. Il suffit d'un peu d'eau pour ne plus avoir soif et être satisfait, cela ne sert donc à rien et est même nuisible pour la santé de boire plus qu'il n'est besoin sans parler du fait même de boire autre chose que de l'eau. Cela nous montre que la nature est une norme pour la vie de la mesure où elle est ce qui fixe la mesure et la limite.

 

c) Les désirs vains

Ce sont tous les autres désirs non naturels et en nombre illimités, que créent notamment la civilisation et les progrès techniques (le goût du luxe, l'ambition, l'avidité, etc.), qu'il faut absolument fuir si l'on veut atteindre le bonheur.

 

En fait, ce qu'il faut remarquer c'est que le bien pour Epicure est d'essence négative : il relève effectivement de la suppression d'un manque (boire quand on a soif) : “ Ce qui cause une joie insurpassable, c'est le grand mal que l'on vient d'éviter et cela est la nature du bien ”. “ Le bien est cela même : d'éviter le mal ”.

 

 

4. Quatrième condition du bonheur : le pouvoir de supporter la douleur.

 

La douleur est ainsi faite qu'au moment où je souffre énormément cela est très bref, la douleur s'annule elle-même. Et si la douleur persiste, c'est qu'elle est moins intense et donc supportable. Et ici il faut souligner qu'Epicure sait de quoi il parle puisqu'il souffrait lui-même d'une maladie extrêmement douloureuse.

En outre on peut enrayer la douleur par le souvenir de tous les biens que l'on a déjà vécus ce qui suppose que l'homme ne soit pas oublieux. En effet, pour Epicure, au moment où je me souviens d'un plaisir passé, il me rend à nouveau heureux.

 

La Lettre à Ménécée - Epicure - LE GAI SAVOIR

durée : 01:01:50 - LE GAI SAVOIR - par : Raphaël Enthoven - Emission en partenariat avec Philosophie Magazine qui consacre un dossier à Epicure dans son numéro de janvier, en kiosque du 23 janvier au 20 février 2014. Il est de ces temps, dit Jean Salem,...

https://podcloud.fr

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Philo Mermoz
Publicité
Archives
Publicité