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Philo Mermoz
27 avril 2018

I] 2. Science et expérience

2)      Science et expérience

 

a)                  L’inductivisme : l’expérience au du cœur de la démarche scientifique.

  - L'exemple des corbeaux

Spontanément, on est persuadé que pour arriver à la vérité en science, il faut partir de l’expérience. Plus précisément, de l’observation : le scientifique ne va pas s’en tenir à son expérience quotidienne des choses parce que dans ce cas il ne pourrait être que trompé. Ce n’est pas parce que je vois une chose une fois que je pourrai en tirer une loi. En fait, il faut multiplier les observations et les réaliser dans les conditions les plus variées possibles. Et si l’observation se répète à l’identique, on va pouvoir induire c’est-à-dire généraliser les observations, passer des cas particuliers à une loi.

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 Par exemple, je sors du lycée et j’observe un corbeau noir, de cette seule observation je ne peux pas induire une loi. Je multiplie mes observations en dehors du lycée, en dehors du Sénégal, en bord de mer, en haut de l’Everest et à partir de là je peux généraliser et trouver une loi : tous les corbeaux sont noirs. Donc, la loi est un énoncé à caractère universel, c’est-à-dire, valable pour tous les cas.

A partir de cette loi, on peut faire des prévisions : je prévois que tous les corbeaux seront noirs, et chaque fois que je vois un corbeau noir, c’est une confirmation de cette loi. Voilà pourquoi, l’expérience est au cœur de la démarche scientifique : la science part de l’expérience, elle reste en permanence attentive à l’expérience et finit par l’expérience.

observation ciel

 Tant qu’on n’a pas observé on ne peut pas savoir. Et donc, la vérité c’est ce qui peut être vérifié empiriquement (par l’expérience). Dès lors, la vérité se définit comme ce qui correspond à la réalité, comme ce qui est en adéquation avec la réalité. Par exemple, quand je dis que la porte est fermée, ce que je dis est vrai parce que cela correspond à la réalité.

 

 - Vérité et réalité

Il faut faire attention ici à ne pas confondre la réalité et vérité. La réalité c’est ce qui est, l’ensemble des choses. En revanche la vérité, c’est une proposition sur ce qui est, quand je dis, quand je pense quelque chose à propos d’une chose réelle.

Ce qui est vrai ne va pas dépendre de moi, de mes opinions, de mes sentiments, de ma subjectivité, mais ce qui est vrai c’est ce qui correspond à ce qui est, ce qui correspond à la réalité. Voilà pourquoi, dans la mesure où la science est un discours sur la réalité, une explication sur la réalité, elle est objective.

En clair, il faut partir d’une observation de la réalité, faire abstraction de ses sentiments, opinions, pour décrire des choses telles qu’elles sont.

 

-    Critique de l’inductivisme: L'exemple de la dinde

 

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Exemple de la dinde inductiviste

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A travers de cet exemple, Russell remet en question la définition que l’on vient de donner de la science et va affirmer que sur la base d’observations avérées on ne peut arriver à aucune connaissance certaine. Autrement dit, l’expérience n’est pas source de vérité.

Bertrand+Russell_+la+dinde+inductiviste

Pourquoi ? prenons l’exemple de la « dinde ». La dinde s’aperçoit en arrivant à la ferme qu’elle est nourrie a 9h. En bonne scientifique, elle se dit qu’elle ne peut pas s’appuyer sur cette seule observation pour tirer une loi. Elle va donc vérifier cette observation en multipliant les observations dans des conditions variées « mercredis et jeudis, les jours chauds et les jours froids, les jours de pluie… ». Sur la base de ce grand nombre d’observations, elle peut tirer la loi : « tous les matins à 9h, je suis nourrie ». Cette loi est vraie parce qu’elle correspond à la réalité, et grâce à elle, la dinde peut même faire des prévisions toutes remplies de succès jusqu’au jour de Noël où on lui tranche le cou.

 En clair, si je pars uniquement d’expériences, d’observations, je suis incapable d’arriver à la vérité. Hume va montrer précisément que ce n’est pas parce que le soleil s’est levé tous les matins jusqu’à présent que demain matin il se lèvera nécessairement.

hume_soleil_1000_1000

L’expérience est contingente, on ne peut tirer aucune loi nécessaire à partir d’observations. En un mot, l’expérience n’est pas source de connaissance, elle ne nous enseigne rien. Mais, si on ne peut arriver à la vérité en s’appuyant sur des expériences, la démarche scientifique ne doit pas être empirique mais elle doit être rationnelle, c’est-à-dire, s’appuyer sur des raisonnements, des démonstrations, comme les mathématiques.

Voilà pourquoi, les mathématiques vont devenir le modèle des sciences, la science des sciences : il n’y a ainsi, selon Kant, de scientifique dans une science que ce qui est mathématique. Et justement la physique va devenir une science exacte, avec la révolution copernicienne, lorsqu’on a commencé à écrire les lois physiques sous formes d’équations mathématiques. En clair, on a plus besoin d’observer, il suffit de calculer.

 

Ptolemaic_system_2_(PSF)

Par exemple, avant Copernic, on s’appuyait, en astronomie, sur le modèle de Ptolémée qui, s’appuyait sur l’idée que la terre était au centre de l’univers et que tous les astres, conformément à ce que l’on peut observer chaque jour, lui tournent autour. Grâce à ce modèle, on parvenait à expliquer avec une précision infime le mouvement de la lune, du soleil et de tous les astres visibles sur la voûte céleste, à l’exception de trois ou quatre, qu’on a justement appelés les astres qui ne tournent pas rond, les planètes en grec. Quelques rares exceptions comparées aux millions d’astres observés et expliqués, c’était tout de même trop pour Copernic qui voulait un modèle explicatif universel, sans aucune exception.

systemecopernic

Or, Copernic est mathématicien et pas du tout astronome, il ne va pas observer le ciel pour fonder sa théorie mais partir d’un postulat mathématique. Il va assimiler l’univers à un plan géométrique et chaque astre à un point dont la trajectoire décrit une courbe. A partir de ce présupposé purement mathématique, vierge de toute observation, Copernic va logiquement déduire que la terre n’est pas au centre de l’univers, qu’elle tourne autour du soleil et que, comme tout espace mathématique, l’univers est infini. De même, sans avoir besoin d’observation, on peut calculer a priori la vitesse, la masse, la position de chacun des astres par des équations mathématiques.

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