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Philo Mermoz
24 mai 2018

Thème n°3: Culture et humanité

Thème n°3: Culture et humanité

analyse de la condition de l'homme moderne d'Arendt

 

INTRODUCTION : LE CAS EICHMANN

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Arendt va réfléchir sur l’humanité de l’homme, chercher plus précisément à comprendre ce qui fait que la société moderne déshumanise les hommes. Toute sa vie, elle va réfléchir sur les origines du totalitarisme, ce qui a amené les hommes au mal absolu. En quoi nos sociétés modernes sont-elles totalitaires? Parce qu'elles aliènent les hommes, font en sorte qu’ils ne pensent plus.

Pour nous faire comprendre cela, Arendt va prendre comme exemple le cas Eichmann. 

 

Le procès Eichmann (3)

Les Nouveaux Chemins de la connaissance Date de diffusion : 01.12.2010 Invitée : Catherine Chalier (professeure de philosophie à Paris X) Suite et milieu, ce mercredi, d'une semaine sur Hannah Arendt dans les NCC.

http://blog.franceculture.fr

 

Eichmann c’est le colonel SS en charge de l’organisation de la Shoah. A la fin de la guerre, il réussit à fuir, on le retrouve une dizaine d'années aprés et il est jugé à Jérusalem. Arendt assiste au procès en tant que journaliste et va retranscrire le procès pour son journal américain. On présente Eichmann comme un monstre absolu, une bête inhumaine, un être qui par sa bestialité échappe à l’humanité. Or Arendt va choquer en écrivant une chose simple : « Eichmann n’est pas un monstre, c’est un homme ordinaire ».

 

 

Autrement dit, selon Arendt, tant qu'on explique la Shoah, les génocides, par la monstruosité ou la bestialité ou encore la méchanceté de certains hommes, on ne comprends rien à ce qui s'est passé et on court le risque que ça se reproduise. En fait, le mal dont il est question et qui est un mal absolu n'a rien d’extraordinaire mais au contraire, il est ordinaire, totalement banal. 

Eichmann, par exemple, est tout ce qu'il y a de plus normal ou ordinaire. Il n'a rien d'exceptionnel, n'est pas antisémite et ressemble à  monsieur tout-le-monde. Comment comprendre alors qu'il ait pu orchestré la mort de six millions de juifs? La caractéristique principale d'Eichmann c’est qu’il ne pense pas, il se contente de bien faire son travail, d'obéir aux ordres sans jamais penser à les remettre en question ni même se demander ce que cela signifie vraiment.

Et tout le problème c'est qu'Eichmann, c'est l'homme moderne par excellence dans la mesure où: 

◦ Premièrement, la société moderne prive les hommes de la liberté la plus fondamentale, celle de penser. On est dans une société où la pensée unique s’impose à tous, il faut toujours se conformer à ce que l’on dit/pense. Dès lors, plutôt que de réfléchir les hommes vont aveuglément suivre l’opinion dominante 

◦ Deuxiémement, la société déshumanise les hommes parce qu’elle les réduit à un numéro, à des êtres anonymes totalement dépassés par un sytème qui les écrase.

Et justement Arendt va chercher à comprendre le processus qui conduit à cette déshumanisation en réfléchissant sur ce qu’est la culture. Pourquoi la culture ? Parce que c’est ce qui est censé humaniser les hommes. Et c'est bien parce qu'il y a une crise de la culture que les hommes perdent leur humanité.

 

I - Culture et civilisation 

 

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A) Nature et culture 

1) Définition

  • La nature désigne tout ce qui existerait abstraction faite de l’activité humaine, à savoir l’univers et tout ce qui est sur la terre. Il ne faut pas oublier que l’homme lui-même est un être de la nature comme les autres. 
  • La culture renvoie, en revanche, à tout ce qui est produit, modifié par l’homme. Elle est née lorsque l’homme a du modifier son environnement pour s’y adapter. De ce point de vue, la culture renvoie à ce par quoi l’homme cesse d’être seulement naturel pour obtenir une dimension supplémentaire qui est le fruit de l’éducation.

A partir de ces définitions, on peut dire que 

- ce qui est naturel est inné, héréditaire alors que ce qui est culturel est acquis. Et plutôt que d'hérédité, on parlera d'héritage culturel.

- Ce qui est culturel est particulier, propre à une société donnée. Autrement dit, les caractéristiques culturels sont variables et relatifs. Alors que ce qui est naturel est universel, valable pour tous. 

 

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2) Limites de ces définitions

On a tendance à confondre ce qui culturel avec ce qui est naturel et inversement . 

◦ 1er cas : On a l'impression que les jardins, les parcs, les bois, dans lesquels on va se promener pour retrouver la nature, sont naturels alors qu'ils ont été plantés, modifiés, cultivés par des hommes. Ce sont donc des éléments culturels.

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◦ 2ème cas : On prend l’exemple d’une table. Dans cette table, il y a un élément naturel : le bois. En revanche, ce bois a été modifié, travaillé, façonné, cela devient donc un élément culturel. Éléments culturels et naturels sont donc entrelacés et le problème c’est qu’il en va de même pour l’homme. Il est difficile de déterminer pour l’homme ce qui est inné/naturel de ce qui est acquis/culturel. Dès notre naissance, la société nous éduque, nous cultive, elle nous dénature au point que cette culture devient une seconde nature.

Or le problème c’est que spontanément on va considérer comme naturel ce qui est propre à sa culture = ethnocentrisme. Autrement dit, les hommes passent leurs temps à juger, à dévaloriser tout ce qui n’appartient pas à leur culture et qui ne leur semble pas normal. 

 

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A partir de là on peut mettre en lumière deux problèmes : 

• Chaque fois qu’on juge une culture étrangère, on la juge par rapport à sa culture. On devrait donc s'abstenir de juger une culture à laquelle on est étranger.

• Si chacun se définit par rapport à sa culture, il est incapable de juger une culture étrangère à la sienne. La conséquence c’est qu’il n’y a pas de dialogue possible entre les cultures qui, par définition, sont toujours étrangères les unes aux autres. Des hommes de culture différentes ne peuvent pas se comprendre,  voilà pourquoi au mieux ils s’ignorent, au pire se combattent. 

Tout l’enjeu de cette réflexion sur la culture c’est de trouver quels liens on peut penser entre les différentes cultures sans pour autant qu’il y ai un lien domination de l'une sur les autres. 

 

 

B) la question de la nature humaine 

1) Y a t-il une nature de l’homme ?

Claude Lévi Strauss

Le terme nature est équivoque: il ne désigne pas seulement le monde physique mais également l’essence d'une chose. Par exemple, la nature d’une montre c’est d'être un cadran qui indique l’heure. Il existe un nombre indéfini de montres mais elles ont toutes ce point en commun : donner l’heure. De même, chaque fois qu’on parle de nature humaine, on désigne donc les caractères fondamentaux de tous les hommes, c’est-à-dire ce qu’ils ont en commun abstraction faite de toutes les différences de race, de couleur, de sexe, etc.

Or force est de constater qu'à cause de l'extrême diversité des cultures, les hommes ne semblent rien avoir en commun. C’est ce courant de pensée qu'on appelle le différencialisme ou multiculturalisme et qui considèrequ’il faut reconnaître les différences entre les hommes, faire droit à la diversité culturelle et ne surtout pas considérer qu’il y a des valeurs communes et universelles. En effet, à partir du moment où on parle de valeur universelle, on cherche à imposer les valeurs d'une culture donnée, dominante, aux autres..

Par exemple de quel droit les français imposent la déclaration universelle des droit de l’homme au monde entier ? Chaque peulple n'est-il pas libre d'avoir les doits qu'il veut et qui correspondent le mieux à ses spécificités culturelles et historiques?  Mais si on affirme que chaque culture a ses propres valeurs et qu’il faut toutes les tolérer, cela signifie qu’il faudra tolérer toutes les pratiques culturelles y compris l’esclavage, l’excision, le sexisme, etc.

 Par conséquent, tout l’enjeu de cette réflexion c’est d’éviter un double écueil :

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• l’ethnocentrisme, à savoir vouloir imposer aux autres sa culture ses propres valeurs. Considérer que ces valeurs sont la norme universelle. 

• Le communautarisme, considérer que chaque culture a ses valeurs qui sont absolument différentes, qu’un homme se définit par les valeurs de sa communauté et considérer que deux hommes de différentes cultures n’ont pas les mêmes valeurs et n’ont rien à partager. 

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La seule manière d’éviter ce double écueil c’est de mettre en place des droits de l’homme universels, qui ne vont pas dépendre de la culture, de la communauté, de l’âge ou encore du sexe des individus. Ils dépendront seulement de la nature de l’homme, des droits naturels inhérent à cette nature, qu’on ne peut leur retirer et cela dès la naissance. 

Penseurs d'Afrique (2/5) : L'Afrique a -t-elle inventé les droits de l'homme?

Penseurs d'Afrique (2/5) : L'Afrique a -t-elle inventé les droits de l'homme? en replay sur France Culture. Retrouvez l'émission en réécoute gratuite et abonnez-vous au podcast !

https://www.franceculture.fr

 

2) La culture comme arrachement à la nature

Dans la nature, tous les êtres vivants se contentent de satisfaire leurs besoins primaires. Mais l'homme constitue une exception car il a une dimension culturelle, il ne se contente pas de satisfaire ses besoins et, ce faisant, cesse d'être un animal. Il y a deux manières pour comprendre ce processus, ce passage de la nature à la culture  soit comme un arrachement soit comme une continuité : 

 

◦ La culture comme arrachement à la nature

Arendt, dans la crise de la culture, va caractériser cette approche avec la culture grecque : pour les grecs, la culture c’est ce par quoi l’homme cesse d’être un animal, et qui a le temps de s’épanouir dans son humanité à travers deux types d’activités : 

•  La pensée = celui qui a le temps de penser. 

• L'action: Celui qui s’engage dans la vie politique. 

Voilà pourquoi, l’homme libre ne travaille pas à Athènes car travailler c’est toujours chercher à répondre à ses besoins primaires. Autrement dit, le travail est toujours lié à notre nature animale et donc l’homme qui passe sa vie à travailler dégrade son humanité. La conséquence c’est qu'il n’y a, à Athènes, que les esclaves qui travaillent.

 

◦ La continuité entre nature et culture : 

Néanmoins on peut penser le lien entre la culture et la nature comme une continuité, et non comme un arrachement, et là on va avoir affaire à ce qu'Arendt appelle « le modèle romain » : la culture c’est le processus de mise en valeur de la nature. Elle va consister à prendre soin de ce qui est naturel. Ex : l’agriculteur,  en travaillant la terre, en sélectionnant les semis, va améliorer la culture du blé. De même, il faut comprendre que naturellement chaque homme possède en lui des germes, c’est-à-dire un potentiel et se cultiver, c’est développer ce potentiel au maximum. Voilà pourquoi Rousseau va définir l’homme comme un être perfectible.

Le germe que l’homme a à developer c’est sa raison. Or, le développement de la raison n’a jamais de fin. Et donc l’homme c’est cet animal qui peut toujours se perfectionner, s’améliorer. On comprend donc que la culture c’est ce processus à travers lequel l’homme développe sa raison. A partir de cette remarque, Kant va établir une double différence entre l’homme et l’animal: 

◦ Une première différence : quantitative. 

Dans le courant de sa vie, l’animal a le temps de developper toutes les potentialités propres à son espèce. Or, la potentialité principale de l’homme c’est sa raison et il faut un temps infini pour la développer. Aucun homme ne peut donc développer ce potentiel dans le courant de sa vie. Et donc, ce n’est pas dans le courant de la vie qu’on développe la raison mais génération après génération. Et ce développement progressif de la raison dans le temps : c’est l’histoire. 

Kant a donc une position optimiste de l’histoire dans le sens où malgrè la violence et les guerres, l'histoire un progrès continu de la raison. En clair, il y a une forme de plan caché de la nature qui contraint les hommes à développer leur raison en développant le droit et et la morale.

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◦ Une deuxième différence :  qualitative. 

Pour se développer, les animaux n’ont qu’à suivre leur instinct. En revanche, les hommes ont à choisir, à se déterminer par eux-mêmes. La conséquence c’est qu’ils vont tâtonner, se tromper. Voilà pourquoi la voie de l’histoire n’est pas linéaire mais tortueuse : les hommes sont condamnés à se tromper et à répéter leurs erreurs. 

 ° Le dialogue entre les cultures:

On retient donc que la culture vise à éduquer les hommes, à leur permettre de développer leur raison pour les rendre libres de penser par eux-mêmed. Or Lévi Strauss insiste sur le fait qu’être intelligent, c’est comprendre que tous les jugements qu’on porte sont déterminés par la culture à laquelle on appartient. Chaque fois que je juge une culture étrangère, c’est toujours par rapport aux normes que ma culture m'a inculquées. On ne doit donc pas juger la culture des autres. Néanmoins, ne pas juger les autres cultures cela ne veut pas dire qu’il faut les ignorer, bien au contraire il faut chercher à les connaître car elles peuvent nous apprendre quelque chose sur nous-mêmes et elles peuvent nous permettre de nous améliorer.

 

 

 

Levi Strauss va ainsi étudier certaines tribus amazoniennes au Brésil. Ces tribus sont présentées comme primitives car elles ne sont pas avancées sur un point technologique ou économique. En clair, on considère que l’homme se définit seulement par la croissance économique et par le progrès technique technique et tous ceux qui sont sous-développés, selon ces critères, sont marginalisés. En outre, notre culture fait du progrès technique la base de son développement et cela suppose qu’on exploite indéfiniment la nature. On n'a aucun respect pour l’environnement, tout est considéré comme une matière première qu’il faut exploiter jusqu’à épuisement. La conséquence c’est qu’on détruit la nature et qu’on détériore et menace les conditions de vie de l’homme. Or,  on peut apprendre au moins deux choses des tribus amazoniennes : 

• Reconnaître une place dans la société à chaque individu et ne pas définir un homme par rapport à sa position sociale ou sa fortune. 

• Les tribus indiennes ont eu la sagesse de se développer dans le respect de l’environnement et de la nature. 

La thèse de Lévi Strauss c’est donc d’affirmer que c’est dans un dialogue interculturel que chaque culture peut s’améliorer. Chacune peut apprendre de l’autre et donc au lieu de se refermer sur elles-mêmes, ou de se mépriser les unes les autres, les cultures doivent échanger. 

 

 

 

C) Mondialisation et sous-culture 

 

 

1) La culture de masse 

On vient de dire qu’il faut que les cultures s’ouvrent les unes aux autres pour dialoguer, échanger. Or on a tendance à définir la mondialisation comme l’ouverture des cultures les unes aux autres, par l’augmentation des flux et le développement des échanges. De ce point de vue, on pourrait définir la mondialisation comme un enrichissement culturel or Arendt va la définir comme un appauvrissement culturel. Pourquoi ? Parce que loin de valoriser les cultures,  la mondialisation est une déstructuration des cultures traditionnelles qui sont soit condamnées à se modifier soit à disparaître. Donc au lieu de favoriser la différence des cultures, la mondialisation tend à uniformiser les cultures. La culture occidentale à travers la mondialisation est en train de s’étendre à toute la planète. 

 

Comment se caractérise plus précisément cette mondialisation ?

• Tout d’abord il y a une civilisation technique qui se répand: Le problème c’est que plus personne n’y échappe (= une sorte d’avalanche qui submerge le monde). Mommsen écrit : « Il est du devoir de l’homme aujourd’hui que la civilisation ne détruise pas la culture, ni la technique, l’être humain ». L’homme lui même devient un objet pour la technique, quelque chose qu’on peut formater, mettre à jour, améliorer. 

• La mondialisation se manifeste également par la culture de masse (=culte de la consommation et du loisir). Pour Arendt, cela correspond à une destruction de la culture. 

2) Repli identitaire et choc des civilisations 

a) La thèse de Huntington

La culture de masse va de pair avec un appauvrissement culturel voire une disparition de certaines cultures. Autrement dit, les hommes vont se contenter de consommer et petit à petit ils sont formatés, uniformisés. Or, la culture c’est ce qui définit l’identité de chacun et donc en perdant leur culture, les hommes perdent leur identité. Ils n’arrivent plus à se définir par eux-mêmes, à s’affirmer.

Mais, étant donné qu’on ne peut plus se définir par soi-même, on va chercher à se définir par différence avec l’autre, voire par haine de l’autre. Et donc l’étranger va être considéré, non plus seulement comme ce qui est étrange car différent, mais comme un danger qui menace mon identité. Et donc, bien loin de s’ouvrir les uns aux autres, les hommes vont se renfermer sur leurs différences et c’est précisément ce qui va donner naissance aux chocs des civilisations selon Huntington : On vit dans les sociétés qui sont multiculturelles et paradoxalement c’est ce qui va donner naissance à des conflits parce qu’il n’y a aucune coexistence possible entre les cultures. Tant que chaque culture avait une aire géographique déterminée il n’y avait pas de problème, mais avec la mondialisation les cultures se rencontrent et entrent fatalement en guerre.

 

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Plus précisément, Samuel Huntington va publier « le choc des civilisations » et va défendre une thèse novatrice : pendant tout le XXe siècle on a eu des conflits idéologiques (Guerre froide entre le capitalisme et le communisme); or dans les années 90 avec la fin de la guerre froide, on est persuadé qu’on va enfin arriver dans un monde de paix. Dans ce contexte optimiste, Huntington va affirmer que les pays vont s’ouvrir de plus en plus, devenir de plus en plus ouverts/multiculturels et c’est ce multiculturalisme qui va générer de nouveaux types de conflits car il n’y a pas de dialogue d’intégration possible entre les cultures différentes. Chaque culture a une base géographique et surtout chaque culture repose sur une religion. Et donc, bien loin de favorsier la paix, le multiculutralisme va être une confronttation directe entre des cultures et des religions antagonistes.

b) Nécessité de critiquer cette thèse

Il est nécéssaire de critiquer cette thèse d’Huntington: 

• Il alimente les conflits et empêche de connaître leurs vraies raisons qui ne sont pas religieuses ou culturelles mais liées à des troubles socio-économiques, une augmentation des inégalistés ou des injustices etc. 

• Huntington insiste sur l’idée que chaque grande civilisation repose sur une religion. Or il y a des civilisations avec plusieurs religions. ET plusieurs civilisations qui peuvent, en revanche, partager une même religion. En clair les distinctions d'Huntignton ne sont pas opérantes. 

• Enfin Huntington affirme que les conflits vont se multiplier entre les civilisations à leurs frontières (=guerres de religion) or là encore son interprétation va se heurter à la réalité. On observe que la plupart des conflits qui ont lieu sont à l’intérieur même des aires de civilisation. 

En clair, cette représentation du monde est simplement l’affirmation de certains préjugés raciaux et constitue un aveuglement sur la réalité. Aveuglement qui est la principale cause de l'incompréhension entre les cultures. 

Le principal problème de cette représentation du monde c’est qu’elle réduit les hommes à leur culture d’origine et va considérer que parce que j’appartiens à telle ou telle culture, je suis incapable de m’entendre avec ceux des autres cultures. Huntington oublie que les hommes sont doués de raison, d’une capacité à faire abstraction de leurs préjugés culturels pour penser et s'accorder avec autrui. 

Enfin, aucun découpage culturel ne pourra jamais être satisfaisant car il n’y a aucune culture souche. Il y a et il y aura toujours un dialogue et des échanges entre les cultures qui font qu'aucune culture ne peut se définir par elle-même mais qu'elle existe toujours par référence aux autres cultures auxquelles elle emprunte certains éléments constitutifs de son identité.

 

Conclusion : échanges et civilisations 

Par conséquent, il est nécessaire de retenir 2 choses :

1- : on ne peut jamais juger une culture à laquelle on n’appartient pas car quand on la juge c’est toujours par rapport à des éléments de sa culture (on se sert de sa culture comme norme) . Néanmoins, ça ne signifie pas qu’il faille tout tolérer, tout accepter. 

2- : L’homme ne se définit pas par rapport à sa culture mais par rapport à sa raison et donc on a une norme universelle de jugement. Dès lors, tout ce qui, dans une culture, est contraire à la raison, contraire à la dignité humaine et au respect de la personne, doit être interdit.

3-: Ce faisant, plutôt que de chercher systématiquement à opposer les cultures les unes aux autres, il faut au contraire trouver leurs points communs : 

• 1ère démarche de Jeanne Hersch : Elle a cherché dans chaque culture un texte qui affirmait la dignité de la personne humaine, une forme de déclaration des droits de l’homme et elle se rend compte que, dans chaque culture, il y a une proclamation universelle.

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• 2e démarche de Levi Strauss : il se rend compte que le point commun entre toutes les cultures humaines c’est l’interdiction de l’inceste. L’interdiction de l’inceste c’est la base du lien social parce que chaque individu va être contraint par cette interdiction à se marier avec quelqu’un qui ne fait pas partie de ses proches immédiats, c’est-à-dire quelqu’un qui est étranger. Les familles sont obligées d’arrêter de lutter les unes contre les autres pour nouer des relations  :

◦ c’est grâce aux mariages que la famille devient tribu et la tribu société. En clair, les mariages vont créer des liens entre les familles et ces liens vont justement s’étendre de plus en plus jusqu’à faire des sociétés

◦ Mais la deuxième chose à retenir c’est que toute société naît de la violence faite aux femmes qui sont transformées en moyens d’échange. Or à partir de cette remarque, on peut distinguer culture et civilisation : le contraire de la culture c’est la nature, le contraire de la civilisation c’est la violence, la barbarie. Et donc, si à l’origine par définition toute culture est fondée sur la violence, cette culture ne se civilise que lorsqu’elle dépasse cette violence pour respecter les droits de chacun. La justice, c’est l’horizon commun de toutes les cultures. Dès lors, chaque culture est un chemin différent qui a été emprunté pour aller vers le même but : rendre l’homme meilleur et juste, le rendre raisonnable. 

 

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